Les dessous de l'édition
Quand j'ai créé les Ateliers, j'étais sur une espèce de nuage. Je concrétisais un de mes rêves : avoir ma maison d'édition. Comme je ne voulais pas d'aide, j'ai, parallèlement, monté une association pour lutter contre la désertification culturelle, monter des ateliers d'écriture, de peinture, créer un prix, faire venir des écrivains et des artistes dans ma grande maison du Perche. L'année 2015 a été un réel cataclysme puisque ma maison s'est retrouvée quasi détruite suite à un dégât des eaux et est, encore, à ce jour en chantier. Je ne pouvais donc rien organiser.
Ma maison d'édition ne devait être que numérique. J'ai reçu beaucoup de manuscrits. Je ne les ai pas tous lus moi-même, les laissant pour la plupart à mon petit comité de lecture de bénévoles mais en lequel j'ai toute confiance. Par mail, m'est arrivé un manuscrit dont le titre qui est un prénom m'a fait sursauter. Carla. Carla c'était mon amie d'enfance, des souvenirs heureux malgré une fin tragique puisqu'elle est morte. Intriguée, j'ai décidé de le lire par moi-même . Je l'ai lu d'une traite, et j'ai senti que je tenais une pépite. J'ai rencontré l'auteur et il s'est produit une chose dont rêve tout éditeur : la rencontre avec le nouvel auteur où l'on sait que comme une histoire d'amour, des choses vont advenir. Sylvie Grignon n'était pas juste une femme qui écrivait bien, c'était de plus une belle âme, attachante. Pour elle, j'ai sauté le pas et ai publié son livre en papier. Mais, nous n'avions pas encore de distributeur/diffuseur et nous en avons conclu qu'il fallait attendre d'en trouver un avant de lui donner sa vraie vie.
Nous sommes devenues amies et elle m'a confiée être atteinte de la maladie d'Hashimoto. Elle avait commencé à recueillir près de huit cents témoignages pour expliquer ce qu'était celle-ci. Elle m'a demandé une seule chose, de ne pas toucher une virgule à son texte et j'ai accepté. L'idée, naturellement, s'est imposée de créer une association pour que des malades puissent communiquer via le biais d'un forum que nous avons construit lentement, mais qui va voir le jour en ce début 2016. Et, j'ai publié en papier Hashimoto, mon amour. Ce titre s'imposait tant en référence à Duras, qu'aux conséquences désastreuses de cette bombe atomique, et des catastrophes nucléaires qui ont suivi.
J'ai donc cherché un diffuseur/distributeur. Mais quand on a tout juste deux livres papier, il est absolument impossible de rentrer chez les grands, on m'en a conseillé un et j'ai signé avec lui.
Hashimoto, mon amour a très vite été en rupture de stock, et nous avons fait un second tirage avec un changement d'ISBN puisque nous avons ajouté d'autres mots au livre.
Ce matin, catastrophe, que nous pressentions Sylvie et moi, mais en éternelles optimistes pensions qu'elle n'arriverait pas. Je reçois un appel de la Fnac de Nantes m'apprenant que le livre n'est pas disponible. J'appelle immédiatement le diffuseur et lui demande de m'expliquer pourquoi depuis novembre plus aucune commande n'est honorée. Il se perd dans des explications faseuses et je déverse ma rage sur Facebook et surtout m'excuse, tant j'ai honte, auprès de tous ces gens qui l'ont commandé ou se sont déplacés en librairies, dans les Fnacs pour en repartir les mains vides. Notre cher diffuseur n'avait pas noté le changement d'ISBN.
Face à cela, je n'avais plus que deux solutions tout laisser tomber ou encore une fois me relever. J'ai, évidemment, choisi la deuxième option. Cette maison est une partie de ma vie, je lui donne tout. Je ne suis pas une femme de demi-mesure.
Je tiens à remercier tous les gens qui m'ont envoyé leur témoignage de soutien. Surtout cet homme qui m'a appelée de Nantes, il m'a redonné la force de croire que je ne fais pas ce métier pour rien, que je n'ai pas créé Les Ateliers pour rien. Merci à lui, oui merci. Merci à vous tous.